L’importance de « parler » en thèse

Tu le sais, faire une thèse, c’est une expérience intellectuellement riche, émotionnellement intense et un parcours de persévérance.

Dans cet article, je mets l’accent sur l’importance de parler en thèse.  Parler, oui, mais pourquoi, à qui et comment ? 

1) Le pouvoir de la verbalisation

Ma thèse est fondée sur le pouvoir de la verbalisation. Ce n’est pas pour rien 😆 que j’ai créé une démarche réflexive en plusieurs étapes : questionnaire écrit, réunion-échange des informatrices (filmée et retranscrite), entretien d’autoconfrontation (après avoir filmé les enseignantes dans leur salle de classe, elles commentent leur cours en entretien individuel), et entretien de clôture (je la fais courte, un espace réflexif sur l’entièreté de la démarche réflexive et sur leur vécu, expérience).

Une seule question peut apporter un flot de pensées, d’idées et de réponses.

C’est comme pour toi, tu te poses plein de questions constamment (bah ouais, t’es un.e chercheur.e 😉) et probablement ça donne des bouillonnements et plein de nœuds aussi. La différence apparaît quand tu formules les réponses, quand tu les extériorises, tu les verbalises (on va voir ça après).

Pour l’heure, on retient :  verbaliser pour clarifier et verbaliser pour trouver des réponses.

Par ailleurs, je considère la verbalisation comme une porte vers le changement. Dans un article (qui sort ce mois-ci 🎉 dans la revue Recherches et Applications. Le français dans le monde, n°75, janvier 2024) je propose de considérer le changement comme une « équation » ➡️ prise de distance ➡️prise de conscience 🟰 action (changement).

Pour changer, faire des pas de côté (par exemple, à travers des questions, des échanges, etc.) d’abord.

Ensuite (et en même temps d’ailleurs), cette mise à distance permet la mise en sens (tu me suis ?).

Enfin, cette activité réflexive est le terreau propice pour le changement (pas une garantie mais une possibilité).

La verbalisation en thèse

Face à l’immensité de la tâche (faire une thèse et finir une thèse), l’importance de verbaliser est un fait.

Dans quelles situations est-ce utile ?

  • Quand tu traverses le désert : page blanche, manque de motivation, journées où tu n’arrives plus à penser/faire/écrire.
  • Quand tu te retrouves face à un nœud : comment j’articule ce chapitre ? Est-ce que j’ajoute ce pan qui n’était pas prévu dans ma recherche ? Comment analyser ces données-là ?
  • Quand tu te sens seul.e et que la tristesse pointe son nez de façon insistante : c’est généralement dans ces situations qu’on se ferme le plus (tu sais, les périodes de « je reste dans ma grotte et que personne ne me parle » 😉).
  • Quand après plusieurs années, tu continues à reculer l’écriture de ta thèse : je n’ai pas suffisamment lu, je ne sais pas comment écrire, ce que je vais dire c’est nul, vraiment je ne suis pas encore prêt.e.
  • Il y en à d’autres hein …

2) A qui parler et comment ? 

2.1. ) A tes encadrant.e.s qui sont : 

  • là pour te guider,
  • tes interlocuteurs.trices principaux,
  • les personnes qui te suivront jusqu’au bout (la soutenance 😊).  

Je vois quotidiennement chez les doctorant.e.s que j’accompagne des peurs et blocages liés à l’échange avec leurs encadrant.e.s. Les situations sont variées : peur de poser des questions, peur d’être démasqué.e.s (ah, le fameux syndrome d’imposture), peur de leur regard, de leurs retours. C’est normal mais c’est dommage. Je m’explique. Quand on est dans les premières années de thèse on ne se sent pas solides, pas légitimes. Les encadrant.e.s sont un peu conçu.e.s dans notre esprit comme des « VIP », des « MEGAEXPERTS » qu’on ne pourrait pas déranger avec nos petites questions de petit.e.s doctorant.e.s. Oui, ils.elles sont expert.e.s et justement … faire de la recherche, ils.elles savent ce que c’est, ce que ça fait (tout le monde en bave même eux.elles). Alors ?

Alors, on décomplexe progressivement. Ils.elles n’attendent que ça : que tu leur poses des questions, que tu leur demandes des conseils. Ils.elles sauront te donner la réponse ou te rediriger vers des sources (réf biblio par exemple).

 

Aucune question, aucun doute n’est « mal ». Si on avait réponses à toutes nos questions et aucun doute, les thèses seraient moins longues 😉.

C’est le propre de la recherche : se poser des questions, poser des hypothèses, se renseigner, faire des lectures, des liens, comprendre progressivement, clarifier progressivement (j’ai suffisamment insisté sur PROGRESSIVEMENT ? 😉).

Comment leur parler ?

  • Prépare tes questions (organise ta pensée et pose sur papier tout ça)
  • Demande un RDV
  • Dans le courriel, dis clairement que tu as des doutes/questions et que tu souhaites en discuter en direct (ou par téléphone). Propose-lui des créneaux (facilite-lui la tâche)
  • Le jour J, reste ouvert.e. Ne lâche pas tes questions, tu es venu.e pour ça. L’objectif est de repartir avec des réponses. 💡
  • Si la personne tourne autour du pot, resitue l’objet de l’échange.

Pst : j’ai pas dit que c’était facile maiiis c’est possible (vraiment).

2.2.) A des collègues doctorant.e.s

Tu as dans ton réseau d’autres doctorant.e.s. Souviens-toi : ces personnes traversent probablement les mêmes situations de doutes. Elles vivent au quotidien des résolutions de problèmes, des casse-têtes, des moments de découragement et de solitude.

💡Contacte-les. Demande-leur si vous pouvez échanger. Tu peux partager tes questions du moment et la personne en face peut faire de même.

Tu sais, souvent, quand tout simplement on verbalise, les réponses viennent 😉

Le cerveau est très malin pour tourner en rond quand tu es tout.e seul.e devant ton ordi mais si tu lui donnes des occasions qui lui permettent de « voir autrement », c’est tout bénéf pour toi !

2.3.) A ton chat

Oui, clin d’œil. Plus sérieusement : verbalise un max et dans un max de cercles. Ce que je viens d’exposer, tu peux l’appliquer en activant ta parole :

  • Avec des ami.e.s doctorant.e.s
  • Avec des ancien.nne.s profs de fac
  • Avec des ami.e.s qui ne sont ni doc ni prof
  • Avec tes parents
  • Avec ta sœur, ton frère, ta tante, ta grand-mère
  • Avec ton chat, ta plante

Ce que je veux dire c’est : si tu es entouré.e parle.

Si tu n’es pas entouré.e : parle quand même.

💡 Quelques idées :

  • Parle à voix haute (idéalement en marchant, oui tu auras l’air de rien à tourner dans ton studio mais c’est pas graaave)
  • Enregistre-toi sur ton téléphone : ouiiiii, ça marche du tonnerre (moi, je faisais ça pendant mes pauses à la bibliothèque, va savoir pourquoi, j’avais toujours une idée super pendant les pauses donc heureusement que j’avais mon téléphone).
  • Trimballe toujours un très petit carnet avec toi : tu le sais, la super idée qui passe … 10 minutes après, elle fait partie de monde de l’oubli

Vraiment, verbaliser est clé.

J’espère que cet article t’aidera à sortir de ces situations inconfortables. Plus tu verbalises, plus tu avances et plus tu gagnes en confiance.

Si tu veux parler avec moi, c’est possible aussi 😉

Bonne verbalisation !  

Faire vibrer ta voix, c’est ouvrir ta voie (dire, faire et soutenir ta thèse 😉)

 

Si tu as des questions, n’hésite pas à m’écrire contact@macoachdethese.fr

 

 

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