Parce qu’elle met en mouvement plein de choses : notre activité intellectuelle, notre créativité, notre organisation quotidienne, nos émotions, notre regard sur nous-même, nos rapports aux autres, etc. Les exigences académiques, la rigueur exigée, l’attendu de la thèse sont autant de paramètres qui impactent notre cheminement de thèse. Les effets de ces exigences sont différents selon chaque personne. Cependant, certaines difficultés apparaissent à un moment ou un autre : les doutes, le syndrome d’imposteur, un perfectionnisme exacerbé, des blocages dans l’écriture, la gestion du quotidien, des remises en question, la sensation d’être le.la seul.e à vivre tout ça … (si tu connais un.e doctorant.e qui n’a pas vécu au moins une de ces difficultés, je veux le.la rencontrer !).
Dans cet article, je te propose de voir ensemble une liste de réponses à la question posée dans le titre. C’est parti pour une liste un peu en vrac parce qu’il ne s’agit pas de faire parfait hein !
La thèse est (si) difficile ...
Parce que nous sommes amené.e.s à définir, gérer et redéfinir notre planning.
- Ça nous apporte son lot de culpabilité quand on ne le suit pas. C’est compliqué car nous bousculons, reportons et réajustons régulièrement (ben, oui, on est pas des machines !).
- Ptss : on en reparlera du fameux planning, SPOILER des fois, c’est super de l’envoyer valser 😉 (mais pas n’importe comment).
Parce que souvent nous avons un lot de questions théoriques, méthodologiques et organisationnelles :
- Nous nous disons que « la honte, je vais pas demander à mes encadrant.e.s ».
- Tant d’heures dépensées à chercher seul.e …
Parce que le sentiment d’imposture est un compagnon de voyage qui s’invite quand ça lui chante.
- Tu t’es déjà dit « un jour mes encadrant.e.s vont me dire que c’est une erreur, que je ne réponds pas aux attendus » ? (moi oui, et de façon cyclique).
Parce que la thèse nous fait rater plein de moments de vie sociale et familiale.
- Un café ? « je peux pas, je dois bosser sur ma thèse », une soirée « je peux pas, je suis hyper en retard sur ma thèse », etc.
- Tu as sûrement loupé des anniversaires, des vacances d’été, des célébrations, etc. Je l’ai vécu et c’est tellement frustrant et douloureux ! (surtout quand ta famille est à l’étranger).
Parce que la thèse demande un tas de brouillons et d’étapes intermédiaires et, c’est usant :
- « j’écris (déjà ça, c’est pas gagné !) », « je relis et j’améliore », « j’ajoute une référence oubliée », « je modifie l’orga du chapitre », « j’arrive à une version à peu près correcte » etc.
- A tout ça tu ajoutes, le moment où tu te relis et où tu vois plus rien !
- Et en plus, la fameuse étape où tu devras modifier suite au retour de tes encadrant.e.s qui auront ajouté pleiiin de commentaires (jolis et moins jolis, dits avec tact ou sans pincettes… on en parle des commentaires qui te mettent 15 jours à terre ?!)
Parce que l’organisation quotidienne est loin d’être un long fleuve tranquille.
- Pour les observations de terrain, toutes les étapes de contact, de signature de consentement pour filmer, trouver le matériel (et qu’il marche et qu’il n’est pas une batterie qui « oui, oui est OK » mais qui en fait te lâche en plein enregistrement), un dictaphone pour les entretiens (et que t’appuies sur le bon bouton), adapter les RDV en fonction des impératifs des personnes observées, les imprévus, etc.
- Aller à la BU, prendre 6 livres (au cas où), 7 articles (au cas où), plus l’ordinateur, plus ton dej, plus ton thermos. N’utiliser qu’un des livres ou devoir rentrer parce que le bruit est insupportable.
- LE livre que tu voulais qui est encoooore réservé et que l’été approche et que sans ce livre, ça va être chaud !
Parce que l’organisation quotidienne, c’est aussi se nourrir, faire le ménage, se reposer, etc.
- Faire à manger « va falloir faire des courses, je tiendrai pas avec 3 carottes et une pomme »
- Les descentes pantagruesques de chocolat au lait et de café (moi, ça allait mieux quand je suis passée au chocolat noir 😉)
- Tout prend des « proportions de combat » : changer les draps (« la flemme »), nettoyer la salle de bain (« pas envie »), l’évier avec la vaisselle de 3 jours (« bon, je vais m’y coller »)
Parce que, quand on est pas financé.e.s, ça rajoute de la complexité :
- Se serrer la ceinture.
- Refuser des propositions de sorties.
- Se demander mais « pourquoi, pourquoi je me suis inscrit.e en thèse ??!! »
Parce que si tu donnes des cours à côté, le jonglage est pas évident du tout :
- C’est chronophage (et c’est mégachronophage si tu es perfectionniste).
- Tu as l’impression de tout donner pour tes cours et de ne plus avoir une minute pour ta thèse et quand t’as du temps : t’es crevée (pareil pour tout autre taff d’ailleurs)
Et si tu as des enfants, c’est le méga-jonglage, le méga-équilibrisme …
STOP
Je pourrais continuer la liste des raisons pour laquelle une thèse est difficile (il y a aussi des points positifs hein, mais c’est pas le sujet aujourd’hui).
L’important ici est de poser que la thèse – l’exercice en lui-même – est difficile. Et, à mon sens, on parle pas suffisamment des réelles difficultés et des réelles souffrances qu’elle peut entrainer.
Que ce n’est pas toi le problème et que c’est OK si tu te reconnais dans certains des points énoncés. Sache qu’on est nombreux et nombreuses à vivre ou avoir vécu tout ça. Pour autant, on arrive à finir la thèse.
Il y a des choses à mettre en place non pas pour gommer tout ça d’un coup (s’il y avait une baguette magique, on serait au courant 😊) mais pour alléger ce poids, pour avancer plus efficacement, pour traverser les moments de doutes, etc. J’en parlerai dans d’autres articles et sur les réseaux.
Pour l’heure, cet article est là pour te rassurer et/ou te déculpabiliser.